Wille-zur-Macht

La volonté de puissance

Dimanche 19 septembre 2010 à 19:05

Dimanche 19 septembre 2010 à 18:07

"Nous sommes à la veille d'une transformation globale. Tout ce dont nous avons besoin est la bonne crise majeure, et les nations vont accepter le Nouvel Ordre Mondial."

David Rockefeller

Vendredi 17 septembre 2010 à 15:30

Vendredi 17 septembre 2010 à 15:04

L’essayiste Bernard-Henry Lévy et le président Nicolas Sarkozy ont mobilisé l’opinion publique française pour sauver de la lapidation une Iranienne accusée d’adultère. Submergés par leur émotion, les Français n’ont pas pris le temps de vérifier cette imputation, jusqu’à ce que Dieudonné M’bala M’bala se rende à Téhéran. Sur place, il s’avère que tout est faux. Thierry Meyssan revient sur cette spectaculaire et bien imprudente manipulation.




Source


L’annonce d’autodafés de Coran par des pasteurs états-uniens à l’occasion du neuvième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 a secoué le monde musulman. L’événement est ressenti différemment selon les cultures. Pour les Occidentaux, cette provocation doit être relativisée. Certes, il s’agit d’un livre que les musulmans considèrent comme sacré, mais, après tout, on ne fait que brûler du papier. A l’inverse, dans le monde musulman, on pense qu’en brûlant le Coran, on tente de couper les hommes de la parole divine et de leur dénier le salut. Il s’ensuit des réactions émotionnelles incontrôlables que les occidentaux perçoivent comme de l’hystérie religieuse. Jamais une telle chose pourrait survenir en Europe, et encore moins en France, pays formé par un siècle de laïcité combattante. Et pourtant…

Mobilisation

Récemment, l’essayiste Bernard-Henri Levy [1] a alerté l’opinion publique sur le cas de Sakineh Mohammadi-Ashtiani, une jeune femme qui aurait été condamnée en Iran à la lapidation pour adultère. Il a lancé une pétition sur Internet pour faire pression sur les autorités iraniennes et leur demander de renoncer à cette barbarie.

En contact téléphonique régulier avec le fils de la victime qui réside à Tabriz (Iran), et avec son avocat, Javid Houstan Kian, qui vient de s’installer en France pour fuir le régime, M. Lévy n’a pas été avare de détails : la lapidation, dont la pratique aurait été interrompue par un moratoire, aurait reprise sous l’impulsion du président Ahmadinejad. Mme Mohammadi-Ashtiani, pourrait être exécutée à la fin du ramadan. Entre temps, le directeur de sa prison, furieux du tapage médiatique, lui aurait fait administrer 99 coups de fouet.

L’essayiste concentre ses attaques sur le mode d’exécution. Il écrit : « Pourquoi la lapidation  ? N’y a-t-il pas, en Iran, d’autres manières de donner la mort  ? Parce que c’est la plus abominable de toutes. Parce que cet attentat contre le visage, ce pilonnage de pierres sur un visage innocent et nu, ce raffinement de cruauté qui va jusqu’à codifier la taille des cailloux pour s’assurer que la victime souffre longtemps, sont un concentré rare d’inhumanité et de barbarie. Et parce qu’il y a, dans cette façon de détruire un visage, de faire exploser sa chair et de la réduire en un magma sanglant, parce qu’il y a dans ce geste de bombarder une face jusqu’à ce que bouillie s’ensuive, quelque chose de plus qu’une mise à mort. La lapidation n’est pas une peine de mort. La lapidation est plus qu’une peine de mort. La lapidation, c’est la liquidation d’une chair à qui l’on fait procès, en quelque sorte rétroactif, d’avoir été cette chair, juste cette chair  : la chair d’une jeune et belle femme, peut-être aimante, peut-être aimée, et ayant peut-être joui de ce bonheur d’être aimée et d’aimer. »

Le président Sarkozy a confirmé les informations de M. Lévy lors de la conférence annuelle des ambassadeurs de France [2]. À l’issue de son discours, il a déclaré que la condamnée était désormais « sous la responsabilité de la France ».

Rapidement, de nombreuses associations et personnalités se sont jointes à ce mouvement et plus de 140 000 signatures ont été réunies. Le Premier ministre François Fillon est venu sur le plateau du principal journal de la télévision publique pour manifester son émotion et sa solidarité avec Sakineh, « notre soeur à tous ». Tandis que l’ex-secrétaire d’État aux Droits de l’homme, Rama Yade, affirmait que la France faisait désormais de ce cas une « affaire personnelle ».

Mystification

Bien qu’ils n’en aient pas conscience, l’émotion des Français renvoie à la part religieuse de leur inconscient collectif. Qu’ils soient chrétiens ou non, ils ont été marqués par l’histoire de Jésus et de la femme adultère. Rappelons le mythe [3].

Les pharisiens, un groupe de juifs arrogants, essayent de placer Jésus en position difficile. Ils lui amènent une femme qui vient d’être prise en flagrant délit d’adultère. Selon la Loi de Moïse, elle devrait être lapidée, mais cette cruelle prescription est heureusement tombée en désuétude. Ils demandent donc à Jésus ce qu’il convient de faire. S’il préconise de la lapider, il paraîtra comme un fanatique, et s’il refuse de la sanctionner, il sera mis en accusation pour contestation de la Loi. Cependant, Jésus sauve la femme en leur répondant : « Que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre ». Il renverse alors le dilemme : si les pharisiens la lapident, c’est qu’ils se prennent pour des purs, s’ils ne le font pas, ce sont eux qui violent la Loi. Et le texte de préciser : « Ils se retirèrent un à un, en commençant par les plus âgés ».

Ce mythe fonde dans la pensée occidentale la séparation entre loi religieuse et civile. La femme adultère a commis un péché vis-à-vis de Dieu et ne doit en rendre compte qu’à lui. Elle n’a pas commis de crime et ne peut être jugé par les hommes.

La lapidation annoncée de Sakineh est ressentie par les Français comme une terrible régression. La République islamique d’Iran doit être un régime religieux appliquant la Loi de Moïse revue par le Coran, la Sharia. Les mollahs doivent être des fanatiques phallocrates qui répriment les amours des femmes hors mariage et les maintiennent dans la soumission aux hommes. Aveuglés par leur propre obscurantisme, ils vont jusqu’à tuer et de la pire des manières.

Il s’agit bien ici d’hystérie religieuse collective car dans une telle affaire, le réflexe normal de tout un chacun aurait dû être de vérifier les imputations. Mais durant des semaines personne n’en a pris la peine.

Interrogations

Ayant à son tour signé cette pétition, le leader du Parti antisionniste, Dieudonné M’bala M’bala, de passage à Téhéran dans le cadre d’un projet cinématographique, a souhaité intercéder pour la condamnée. Il a demandé audience aux autorités compétentes et a été reçu par Ali Zadeh, vice-président du Conseil de la magistrature et porte-parole du ministère de la Justice.

L’entretien aura été un modèle du genre. M. Zadeh se demandant si son interlocuteur, humoriste de profession, ne se moquait pas de lui en lui rapportant ses craintes. Tandis que M. M’bala M’bala se faisait répéter plusieurs fois les réponses à ses questions tant il avait du mal à croire avoir été manipulé à ce point.

Succédant à la dictature du Shah Reza Pahlevi, la République islamique s’est avant toute chose préoccupée de mettre fin à l’arbitraire et d’instaurer un état de droit le plus rigoureux possible. Pour ce qui concerne les crimes passibles des assises, le système judiciaire prévoit de longue date une possibilité d’appel. En tout état de cause, la Cour de cassation est automatiquement saisie pour vérifier la légalité de la procédure. Le système judiciaire offre donc des garanties bien supérieures à celles des juridictions françaises, et les erreurs y sont beaucoup moins fréquentes.

Cependant, les condamnations ont conservé une dureté particulière. Le pays applique notamment la peine de mort. Plutôt que de diminuer le quantum des peines, la République islamique a choisi d’en limiter l’application. Le pardon des victimes, ou de leurs familles, suffit à annuler l’exécution des peines. Du fait de cette disposition et de son usage massif, il n’existe pas de grâce présidentielle.

La peine capitale est souvent prononcée, mais très rarement appliquée. Le système judiciaire pose un délai d’environ cinq ans entre le prononcé du jugement et son exécution dans l’espoir que la famille de la victime accordera son pardon et que le condamné sera ainsi gracié et immédiatement libéré. Dans la pratique, les exécution concernent surtout les gros trafiquants de drogue, les terroristes et les assassins d’enfants. L’exécution est effectuée par pendaison en public.

On peut espérer que la Révolution islamique poursuivra son évolution et abolira prochainement la peine de mort.

Quoi qu’il en soit, la constitution iranienne reconnaît la séparation des pouvoirs. Le système judiciaire est indépendant et le président Ahmadinejad n’a rien à voir avec une décision de justice, quelle qu’elle soit.

Manipulations

Dans le cas Sakineh, toutes les informations diffusées par Bernard-Henry Lévy et confirmées par Nicolas Sarkozy sont fausses.

- 1. Cette dame n’a pas été jugée pour adultère, mais pour meurtre. Au demeurant, il n’est pas prononcé en Iran de condamnation pour adultère. Plutôt que d’abroger cette incrimination, la loi a stipulé des conditions d’établissement des faits qui ne peuvent être réunies. Il faut que quatre personnes en aient été témoins au même moment [4].

- 2. La République islamique ne reconnaît pas la Sharia, mais exclusivement la loi civile votée par les représentants du peuple au sein du Parlement.

- 3. Mme Mohammadi-Ashtiani a drogué son mari et l’a fait tuer durant son sommeil par son amant, Issa Tahéri. Elle et son complice ont été jugés en première et seconde instance. Les « amants diaboliques » ont été condamnés à mort en première et seconde instance. La Cour n’a pas établi de discrimination selon le sexe des accusés. Il est à noter que, dans l’acte d’accusation, le relation intime des meurtriers n’est pas évoquée, précisément parce qu’elle n’est pas prouvable en droit iranien, même si elle est rapportée comme certaine par des proches.

- 4. Le peine de mort est susceptible d’être exécutée par pendaison. La lapidation, qui était en vigueur sous le régime du Shah, et encore quelques années après son renversement, a été abolie par la Révolution islamique. Indigné par les assertions de Bernard-Henry Lévy et Nicolas Sarkozy, le vice-président du Conseil iranien de la magistrature a déclaré à Dieudonné M’bala M’bala qu’il mettait au défi ces personnalités sionistes de trouver un texte de loi iranien contemporain qui prévoit la lapidation.

- 5. Le jugement est actuellement examiné par la Cour de cassation qui doit vérifier la régularité de chaque détail de la procédure. Si celle-ci n’a pas été scrupuleusement respectée, le jugement sera annulé. Cette procédure d’examen est suspensive. Le jugement n’étant pas encore définitif, la prévenue bénéficie toujours de la présomption d’innocence et il n’a jamais été question de l’exécuter à la fin du Ramadan.

- 6. Me Javid Houstan Kian, qui est présenté comme l’avocat de Mme Mohammadi-Ashtiani, est un imposteur. Il est lié au fils de la prévenue, mais n’a jamais eu de mandat de cette dame et n’a jamais eu de contact avec elle. Il est membre des Moujahidines du Peuple, une organisation terroriste protégée par Israël et les néconservateurs [5].

- 7. Le fils de la prévenue vit normalement à Tabriz. Il peut s’exprimer sans entraves et téléphone fréquemment à M. Lévy pour critiquer son pays, ce qui illustre le caractère libre et démocratique de son gouvernement.

En définitive, rien, absolument rien de la version Lévy-Sarkozy de l’histoire de Mme Sakineh Mohammadi-Ashtiani, n’est vrai. Peut-être Bernard-Henry Lévy a t-il relayé de bonne foi des imputations fausses qui servaient sa croisade anti-iranienne. Le président Nicolas Sarkozy ne peut invoquer quant à lui la négligence. Le service diplomatique français, le plus prestigieux du monde, lui a certainement adressé tous les rapports utiles. C’est donc délibérément qu’il a menti à l’opinion publique française, probablement pour justifier a posteriori les sanctions drastiques prises contre l’Iran au détriment notamment de l’économie française, pourtant déjà gravement blessée par sa politique.


Thierry Meyssan

 

Jeudi 16 septembre 2010 à 20:15

Incertitude et perplexité: ces mots clés traduisent, à mon avis, l'état émotionnel de la majeure partie de ceux qui ont vu Inception. Et il ne faut pas l'attribuer aux péripéties complexes qui sèment le chaos dans l'esprit des spectateurs (à condition de ne pas se laisser distraire par son pop-corn ou sa petite amie, un spectateur sur deux peut comprendre ce qui se passe). Il s'agit plutôt d’un sentiment obsédant de légère confusion et de vide intérieur suscité par l'ensemble des aventures, ce qui est le résultat recherché par les auteurs du film, résultat au nom duquel ont été dépensés 160 millions de dollars, plus 100 millions de dollars pour sa promotion. Un autre mot important est Hollywood. Mais la difficulté principale, sinon l'ingratitude, à laquelle se heurte chaque critique d'un film hollywoodien à gros budget (surtout d'un blockbuster), est que sa critique perd tout sens au regard des 160, 100... Le succès des films Inception, Avatar, Le choc des titans, etc. repose entièrement sur la sécrétion d’adrénaline chez le spectateur, c'est-à-dire que, si même vous n'avez pas compris en quoi consiste la catharsis dans les circonstances collatérales de l'agent Cobb, ou si vous avez perdu le fil de l’histoire à un moment donné, vous aurez quand même votre dose de chatouillements agréables dans le diaphragme à la vue des destructions massives et vous serez impressionnés par la force d'un grand amour.
Il convient de mentionner un détail très important: l'histoire racontée par Nolan a été filmée bel et bien dans l’esprit du temps : aussi bien les problématiques que les images le confirment. L'humanité vit dans un sentiment de relativité générale depuis l'époque d'Einstein (en fait bien sûr depuis Hamlet) et cette forme culturelle est une des préférées dans la sphère " un peu plus élevée que l'underground " durant toute la deuxième moitié du XXème siècle. Le réalisme mystique de Cortazar, Borges et Marquez s'est déplacé inexorablement dans la cinématographie pour s'incarner dans Matrix (étalon du genre), bien que les films dont les protagonistes mettent en doute la réalité soient maintenant assez nombreux (le premier qui me vient à l’esprit en rapport avec Inception est Vanilla Sky).
De même que le thème post-nucléaire et les odyssées spatiales, le thème " rien n'est réel " fait désormais partie du " mainstream " et nous devons en remercier Christopher Nolan (seulement par convention).
Le célèbre thème du rêve, devenu toutefois assez banal, a également joué son rôle infaillible. Il a cependant été présenté cette fois-ci de façon très originale pour Hollywood, et il est agréable de constater que les rêves n'ont pas été interprétés dans un esprit pseudo-freudien. Bref, un mélange original de déjà-vu constitue la trame d'Inception.
Quant au style, il convient de citer parmi les " mérites " du réalisateur le fait qu'il ait opté pour le bon vieux 35 mm, bien que le 70 mm lui aurait rapporté encore plus, mais les principes du réaliste ont prévalu sur l’appât du gain.
En ce qui concerne les effets spéciaux, leur conception n'est pas non plus très originale: tout repose sur le principe consistant à réfracter la gravitation dans l'espace réel et seule la formulation novatrice de l'intrigue sauve la situation.
Les protagonistes, des néo-aventuriers, se déplacent sans entraves dans les quatre dimensions, sans parler de leur capacité de se retrouver dans un même rêve et d'y accomplir leurs missions réelles, tout cela s'accompagnant des procédés classiques des blockbusters américains: tirs monstrueux d’armes de tous calibres (les personnages principaux sont d'ailleurs inatteignables), poursuites en voiture à travers la ville, distorsion du temps, etc. Mais il faut rendre son mérite à ce film : c'est une des rares œuvres dotées au moins de la conception générale des effets spéciaux qui dépend directement de la dynamique et de l'idéologie du sujet.
Chaque nouveau film d'Hollywood doit avoir son grain de sel, sa solution absolument originale. Aussitôt que Cobb et son équipe entrent dans leurs rêves réciproques, ils ont immanquablement sous la main une petite malle nickelée contenant un appareil pour l’immersion. En voyant l'injection dans une veine d'un super-liquide entraînant des métamorphoses, les spectateurs initiés auront l'illusion d'une dépendance narcotique, ce que confirme éloquemment le film. On peut citer l’épisode du recrutement du nouvel " architecte " de l'équipe: après la première piqûre, la jeune fille épouvantée s'enfuit, mais elle revient tout de suite, en partageant l'avis de son nouveau collègue que l'expérience acquise ouvre de nouveaux horizons ... (quelque chose dans ce genre) ; les participants au culte postmoderniste ne peuvent plus avoir de rêves normaux.
Il faut dire que cette tendance à voir la toxicomanie passer d'un film à l'autre (même sous une forme métaphorique) entre massivement dans l'esthétique de la cinématographie.
Venons-en aux acteurs. A vrai dire, Leonardo DiCaprio, dont l’emploi du temps est rempli jusqu'à 2012, n'a franchement pas émerveillé... Son seul mérite qui vaut d'être mentionné est d'avoir accepté le rôle à condition de modifier le scénario en faveur du sujet principal, ce qui a eu un impact positif non seulement sur Leonardo DiCaprio, mais aussi sur le film dans son ensemble qui est devenu en quelque sorte dramatique du point de vue théâtral.
Il convient de citer l'imposant Ken Watanabe qui s’est bien s'acquitté de sa tâche et dont les yeux bridés tantôt pétillent, tantôt expriment la férocité du samouraï et qui s'inscrit harmonieusement dans le coloris émotionnellement inégal des péripéties du sujet, d'autant plus que l'abondance de gros plans (même dans les scènes d'action) lui donne un espace de réalisation. Passant outre certains personnages, notamment ceux incarnés par Gordon-Lewett légèrement raffiné (Arthur) et par Ellen Page inexpressive (Ariadna), il convient de souligner la métamorphose de Cillian Murphy, dont les mimiques d'un homme un peu déséquilibré, à l'instar de celles de Steve Buscemi, n'ont pas justifié ses choix d'acteur. Interprétant la victime d'une fraude fantastique, le personnage de Murphy montre obstinément qu'il est conduit par autrui, alors qu'on attend de lui qu'il se présente au moins sous le masque d'un épouvantail lorsque le scénariste lui accorde la liberté de faire un choix conscient.
Un point joue un rôle de première importance dans le cinéma américain et il faut en tenir compte tout particulièrement. C'est, bien entendu, la musique du film et je ne m'y attarderais pas s'il ne s'agissait de Hans Zimmer, auteur de la musique d’Inception, coryphée reconnu du cinéma commercial, un des grands maîtres de la musique. Avant d'aller voir le film, j'espérais sortir de la salle de cinéma en fredonnant la chanson thème du film le reste de la journée. Aussi étrange que cela paraisse, je n'ai pu me souvenir d'aucun motif, si ce n’est la légendaire chanson " Non, je ne regrette rien " d'Edith Piaf. La musique qui retentit dans le monde des rêves multiples, d'une part, s'efface tellement derrière les images que je plains le compositeur qui avait fait pleurer une génération d'enfants qui regardaient un petit lionceau jaune. D'autre part, la musique atmosphérique facile à retenir est toujours un compagnon fidèle du grand succès et, par conséquent, des films destinés au grand public. C'était le cas de la saga Pirates des Caraïbes: sa musique héroïque et patriotique qui est devenue célèbre indépendamment du film survivra à Jack Sparrow. La musique d'Inception n'est pas grandiloquente, elle ne prétend pas à ces lauriers, ce qui est, à mon avis, son principal avantage. Elle crée un mystère en influant sur le subconscient qui occupe la place principale dans le film. Les sons électroniques choisis par Zimmer au lieu de l'immortel orchestre symphonique traduisent on ne peut mieux l'abstraction et la relativité des mondes illusoires d'Inception.
En ce qui concerne la réalisation, quoi qu'on dise à propos du film Inception, il est impossible de ne pas souligner la contribution apportée par Christopher Nolan en tant que réalisateur. Il a écrit lui-même un scénario original en comparaison avec les comédies familiales reprenant des clichés dont on est las ou avec les thrillers aux sujets historiques et mythiques réalisés de façon incompétente mais talentueuse. Même s'il ne brille pas par des solutions techniques exceptionnelles et que la composition en boucle dont la fin reste ouverte représente pour lui l’intrigue par excellence porté sur grand écran, on ne peut pas le lui reprocher. Nolan a certainement créé un étalon et on peut imaginer combien de films semblables à Inception sortiront sur les écrans les cinq prochaines années.
Ce texte n'engage que la responsabilité de l'auteur.

 
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